Après l'élection de pseudo-socialistes en Espagne le 14 mars, la presse impérialiste anglo-saxonne a mis ses bouchées doubles en disant que c'était un vote pour le terrorisme. Le MIM dirait que c'était bien sûr un vote pour le terrorisme : le terrorisme fut le seul choix dans l'élection impérialiste espagnole. L'un côté était de donner au gouvernement espagnol ce qu'il voulait : un vote pour la guerre en Irak. L'autre, de donner à Al-Qaeda ce qu'il voulait : le retrait de l'Irak. Tout d'un coup l'écrasante majorité des Espagnols ont voté pour le retrait. (Si le Parti « socialiste » mit en œuvre ou pas ses promesses de se retirer de l'Irak avant la fin juin, c'est une autre question.) La définition de « terrorisme » est la violence ou la menace de violence contre la population civile afin de réaliser un but politique par l'intimidation. Bush, avec l'aide de l'Espagne, a tué des milliers d'Irakiens civils afin de retirer Saddam Hussein. Les troupes tuent encore des Irakiens et interdisent la libre expression. (1) Également, quelqu'un a tué 200 Espagnols au métro pour réaliser un but politique, peut-être un but d'Al-Qaeda, vu qu'Al-Qaeda s'est dit responsable. Le Parti populaire, géré par le sortant premier ministre José María Aznar, a déployé 1300 militaires espagnols pour aider Bush en Irak, quoique plus de 90 % des Espagnols s'opposent à la guerre en Irak. (2) Jusqu'à l'explosion de bombes à Madrid qui a tué 200 Espagnols au métro, il semblait que le peuple espagnol serait acheté pour une autre reprise de la guerre. Le raisonnement du public avant l'attentat semblait être qu'Aznar avait enrichi l'Espagne, donc le public devrait se taire de la guerre en Irak. En réalité, l'Espagne a tiré avantage de l'Union européenne par la croissance économique dans les termes bourgeois conventionnels. L'Union européenne (UE) a la tâche historique de consolider le pouvoir de la majorité exploiteuse, surtout en Irlande, au Portugal, en Espagne et en Grèce, mais tôt ou tard en Europe orientale, où le MIM n'est pas sûr que l'UE réussira à créer un concurrent pareil aux État$-Uni$. Actuellement les pays en Europe tels que France, Belgique et Angleterre sont des États impérialistes tout à fait achetés tandis que les autres pays semblent douteux, et l'UE essaie de régler cela. L'assiette au beurre de l'UE avec la politique extérieure bushienne en Espagne s'est fait dérailler par l'attentat. Combiner un horizon économique de l'UE et une politique extérieure bushienne n'a pas pu marcher 100 % à cause de la concurrence inhérente aux pouvoirs impérialistes. Dans cet égard, la France et l'Allemagne ont probablement pari correctement sur la trajectoire de l'UE. Les réactionnaires français en particulier ont calculé que la pseudo-gauche européenne contribuerait à opposer les intérêts amérikkkains et européens. Tout d'un coup le marché qu'a offert Aznar à l'aristocratie ouvrière espagnole ne semblait pas si bon. Le mouvement anti-guerre en Espagne avait été si poule mouillée qu'il n'a pas pu arrêter Aznar, même avec le soutien de 90 % de la population. Il n'a pu que forcer Aznar à calculer ce qui arriverait s'il déployait trop de militaires et finissait par se servir de des militaires moins fidèles à son dada. Sans une lutte armée en Irak, le mouvement anti-guerre en Espagne ne serait rien du tout. Cependant, même un très faible mouvement pour la paix, combiné à la lutte armée irakienne, peut provoquer la volte-face de la petite-bourgeoisie dans des circonstances particulières, et ça peut signaler des difficultés pour les interventions militaires impérialistes. Le fait que les Espagnols sont un peu moins achetés que les Amérikkkains par les dépouilles redistribuées de l'impérialisme a amélioré les chances que cela se produise. Il faut accorder aux Espagnols qu'ils ont saisi les motivations politiques du régime Aznar et l'ont tenu responsable à dire la vérité dans les jours après l'attentat. Le gouvernement d'Aznar a essayé de rejeter toute la responsabilité sur des terroristes locaux nommés l'ETA lorsque les preuves indiquaient aussi Al-Qaeda. À la différence des Amérikkkains, les Espagnols ne sont pas moralisateurs jusqu'à croire que la meurtre de civils en Irak n'a rien à voir avec la meurtre de civils à Madrid. Si Bush avait choisi une mission secrète pour capturer Saddam Hussein, il n'aurait pas eu ce problème, parce que le grand public n'en aurait pas tenu compte. C'est la guerre ouverte qui a provoqué cet échange de Madrid pour Bagdad, dans l'opinion des Espagnols. Cela montre que la petite-bourgeoisie aux pays impérialistes peut faire volte-face de temps à autre, si nous arrivons à changer toutes les guerres secrètes en guerres manifestes, au point de causer une cession de la guerre. Ce qui nous tue, c'est la situation aux État$-Uni$, où un peuple entièrement corrompu n'est pas obligé de faire face à ses nombreuses guerres secrètes et manifestes. À présent, la petite-bourgeoisie amérikkkaine jouit du luxe de croire que l'événement 911 est « tombé du ciel ». Voilà pourquoi la tâche de former l'opinion publique est importante, bien que le MIM n'ait pas d'armée populaire. L'Oncle $am va déformer la vérité en forçant les mains des gens, et c'est ça la raison d'avoir une armée populaire. Toutefois, entre-temps, là où les gens résistent l'impérialisme par la lutte armée il y a de l'espoir d'une volte-face par la petite-bourgeoisie. Tandis qu'Aznar votait devant les caméras, des Espagnols conscients des intérêts de classe brandissaient des calicots inscrits « Votre guerre, nos morts ». (3) La plupart des morts s'opposaient à la guerre en Irak et n'ont même pas voté pour le gouvernement d'Aznar, parce que leur quartier était hostile à Aznar. Des laquais polonais stupides ont soutenu la guerre de Bush à toute allure en disant qu'ils s'occuperont du commandement au lieu des Espagnols, qui avaient dû prendre la relève dans leur secteur de l'Irak. Les laquais polonais croient encore qu'ils échapperont à l'Ours [NDT : c.-à-d., les Russes] et auront droit à magasiner chez Bloomingdale's [NDT : un grand magasin haut de gamme aux État$-Uni$] s'ils agressent tous les autres pays au monde qui ne serviront pas assez bien de laquais amérikkkains. Cela ne nous étonnerait pas que les cordons de la bourse en Occident se desserrent un peu pour financer des soldats à location de l'Europe orientale en Irak. Les Polonais et les autres peuples de l'Europe orientale doivent réfléchir davantage de ce qui pourrait aboutir à la paix mondiale. Dans la mêlée européenne sont arrivés les soi-disants experts qui ne faisaient que répéter ce qu'ils avaient lu dans le dernier livre sioniste : que l'Occident refuse de croire les raisons avouées par Al-Qaeda pour sa guerre. Le « Daily Telegraph » en Angleterre a dit : « L'humanité déidéologisée et postmoderne est particulièrement faible en ce qui est de saisir la nature idéologique de ces ennemis... Le désir de ne pas prendre nos ennemis au pied de la lettre, en parole et en fait, est la marque d'une grande partie de l'Europe contemporaine. » (4) Mais la vidéo d'Al-Qaeda saisie en Espagne indiqua que la guerre de Bush en Iraq fut bel et bien la raison de cet attentat, donc en réalité ce sont les néoconservateurs qui ne prennent pas Al-Qaeda au pied de la lettre. Que le « Daily Telegraph », Joe Lieberman et Edward N. Luttwak peuvent arguer impunément sur la culture, comme si les musulmans avait fait des attentats à la bombe suicidaires contre les Amérikkkains et les sionistes pendant des milliers d'années, c'est une triste réflexion sur la population exploiteuse anglo-saxonne. Les musulmans pensent peut-être que c'est ça qu'ils font, mais en fait ils choisissent d'entre leurs doctrines et leurs interprètes de l'Islam ceux qui semblent les plus aptes à un moment donné. C'est ça qu'ont toujours fait les musulmans et la plupart des autres personnes religieuses. C'est ça que font les adhérents de toute religion et c'est ça, pas l'ordre intemporel d'un dieu quelconque, qui donne un plus à une religion vis-à-vis d'une autre. Il y a, bien sûr, des documents et doctrines qui soutiennent la prétention de Luttwak que l'Islam fait la même lutte depuis les Croisades. Cependant, ces doctrines-là n'auraient pas l'aval de la base si leurs causes matérielles étaient éliminées. Les religieux du monde ne veulent pas entendre dire cela, mais il est évident et essentiel à la paix mondiale. La religion est une force de division pour l'humanité parce qu'elle est basée sur des idées qui ne peuvent pas unir le public par la vérification scientifique commune. Pour des personnes comme Joe Lieberman et Edward N. Luttwak, la religion est la justification par excellence pour la guerre. En même temps, la religion n'est pas aussi puissante qu'elle puisse servir d'une cause réelle et permanente de la guerre sans l'effet des événements matériels. L'idéologie permanente de la haine, c'est un mythe. Dans tout le charabia sur l'Islam « extrémiste », l'Occident a aussi évoqué Hitler -- bonne preuve d'une dynamique tordue de démonisation. David Brooks, du « New York Times », s'est ainsi attaqué aux Espagnols : « Le gouvernement espagnol menait des politiques en Afghanistan et en Irak qu'Al-Qaeda trouvait insupportables. Un groupe lié à Al-Qaeda tua 200 Espagnols, tout en prétendant que l'attentat fut une punition pour ces politiques. Un pourcentage important de l'électorat espagnol fut mobilisé après le massacre pour altérer la direction de la campagne, renvoyer l'ancien gouvernement et le remplacer par un autre dont les politiques sont plus au goût d'Al-Qaeda. « Comment dire en espagnol "conciliation" ? » (5) Le MIM a cherché « Spain » et « appeasement » [NDT : « Espagne » et « conciliation »] sur Internet et a trouvé 45 articles d'actualités -- tous par des journaux aux pays impérialistes anglophones :les État$-Uni$, £e Royaume-Uni et Au$tralie. Sur cette question nous pouvons parler d'une opinion anglo-saxonne. Pour éviter que nous ne le comprenions pas, le « New York Times » a eu deux chroniqueurs qui ont dit la même chose, Edward N. Luttwak ainsi que David Brooks. Joe Lieberman, démocrate et un sénateur du Connecticut, qui est juif, a également cité « conciliation », mais nous trouvons dégoûtant cet usage tordu du mot. Voilà un exemple du besoin de se souvenir de la vérité et d'oublier qui la dit. Le fait que Joe Lieberman provient d'une famille qui a souffert pendant l'Holocauste ne change pas la politique historique de « conciliation ». La « conciliation », c'est la politique britannique et française pendant la Seconde Guerre mondiale, avec Neville Chamberlain à la tête, qui cherchait en 1938 d'obtenir la paix d'Hitler en lui permettant d'occuper la Tchécoslovaquie au lieu d'accepter l'offre soviétique d'agresser conjointement l'Allemagne. Bien sûr, maintenant nous savons tous qu'Hitler ne s'est pas « apaisé » après la prise de la Tchécoslovaquie et qu'il a mené quand même une énorme guerre internationale. Ainsi forte est la propagande aux pays impérialistes anglo-saxons que beaucoup de personnes croient que c'est avec Al-Qaeda qu'on fait la conciliation. Mais ce n'est pas Al-Qaeda qui occupe des pays étrangers. De même, comme l'a dit Oussama Bin Laden, il y a eu des soldats état$uniens en Arabie Saoudite depuis la guerre du Golfe de 1991. Ce sont les État$-Uni$ qui occupent l'Irak et ce sont les État$-Uni$ la superpuissance que servent comme laquais les politicards lâches du monde entier. La « conciliation » en 2004, c'est de tolérer le programme de guerre état$unien et d'aider le terrorisme état$unien en Irak et ailleurs au monde.
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2. http://www.nytimes.com/2004/03/16/international/europe/16SPIN.html
3. http://kutv.com/topstories/local_story_075114846.html
4.
http://www.opinion.telegraph.co.uk/opinion/main.jhtml?xml=/opinion/2004/03/1
5/dl1501.xml&sSheet=/opinion/2004/03/15/ixopinion.html
5. http://www.nytimes.com/2004/03/16/opinion/16BROO.html